Volet 4. Limoges, l’aura du CSP, un banc en porcelaine…
Eric Girard fêtera samedi, dans des conditions forcément particulières de huis-clos, son 900e match sur le banc en qualité de Head Coach à l’occasion de la venue d’Orléans. 900 matchs, ce n’est pas rien. Après Cholet, Le Havre et Strasbourg, on s’arrête sur le volet 4 de sa carrière avec le CSP Limoges, club mythique s’il en est, mais qui n’a pas été le plus facile.
Limoges, toujours plus haut après la SIG ?
Pas vraiment à ce moment M, car le CSP évolue en Pro B depuis des années et n’arrive pas à retrouver l’Elite. Côté structures, c’est loin d’être aussi élaboré que la SIG. La salle est très vieillissante. Mais ça pue la sueur, l’effort, le passé glorieux… Et tout ça plaît au compétiteur acharné qu’est le coach. Question environnement, en revanche, c’est énorme : le CSP, c’est de la passion débordante, dans les tribunes, en ville. Impossible d’aller quelque part à Limoges sans qu’on te rappelle les fortes attentes des gens… Il saisit parfaitement pourquoi il est là…
Avec qui les contacts ?
Le contexte n’est pas banal : Frédéric Forte l’appelle au mois d’avril alors que son équipe va se qualifier pour les Play-Off. Il veut tenter un coup de poker. Comme il ne sent pas son groupe aller bien loin en phase finale, il demande à celui qui a amené le seul Graal à Strasbourg d’aider le CSP à remporter les play-off et remonter en Pro A. Le CSP ira en finale des Play-Off à Bercy, que coach Eric commence décidément à bien connaître, mais les Limougeauds échoueront logiquement contre un beau collectif poitevin qui mérite alors son accession en Pro A.
Limoges dans l’élite, quoi de plus logique
Le CSP remet le couvert la saison suivante en Pro B. Et du coup, de nouveau la finale à Bercy avec la folie Limougeaude qui va avec. Malgré une défaite contre « l’ennemi » palois, le CSP décroche le gros lot, remonte en Pro A. Le peuple limougeaud jubile, la ville fête ses héros. Le CSP est de retour au plus haut niveau et c’est bien logique, le basket français a besoin de cette équipe qui a ramené la seule « vraie » Coupe d’Europe dans le sillage de Fred Forte et du Dac (Richard Dacoury).
Beaublanc, le versatile Beaublanc…
Il porte les siens vers l’exploit, les encense quand tout va bien, et le siffle dès que ça ratatouille. Ainsi est Beaublanc, le vieillissant Beaublanc, avec ses fans les plus « furieux » perchés tout là-haut. Certains le craignent, en ont peur (joueurs du CSP ou adversaires). Mais coach Eric, lui, a toujours adoré coacher dans ses entrailles, entendre des milliers de fans déjà sur place quand il faisait son briefing d’avant match… Rien de tel pour le transcender. Et puis c’est l’essence du job : communier, ne faire qu’un avec son public.
Très vite, coach Eric comprend que ce ne sera pas pour la vie…
La pré-saison en Pro A débute mal : certains joueurs débarquent sans son aval, une première dans sa carrière qui ne dit rien qui vaille. Il essuie aussi le refus de faire venir LE garant de son basket, Aymeric Jeanneau, alors remplaçant de Tony Parker en équipe de France ( !). Idem à l’endroit de Ricardo Greer, alors MVP en titre la saison d’avant… La moutarde lui monte vite au nez. Eric pige que ça n’ira pas longtemps ainsi. Et ce qui doit arriver, arrive : même s’il a la deuxième espérance de vie sur le banc limougeaud derrière le Dieu Malkovic, la séparation est actée début février 2011.
Peu de temps après, un nouveau défi, bien plus sournois, allait s’opposer à coach Eric : le premier cancer des cordes vocales…
LE JOUEUR…c’est mister Jo
Eric a moins de problèmes que les fois précédentes pour trancher : il désigne Jo Passave-Ducteil et avoue bien humblement qu’il n’aurait jamais pensé que Jo serait capable de faire une si belle carrière comme c’est le cas depuis des années… La roue tourne, l’histoire reprend donc cette saison, là où le duo l’avait laissée, quelques années auparavant…
L’HOMME…c’est Fred Forté
Beaucoup seront surpris. Forcément…Pourtant, si l’histoire à fait couler beaucoup d’encre entre eux, entre deux très, très fortes personnalités, c’est vraiment pour Fred Forté que coach Eric avait décidé de coacher en Pro B. Il croyait dur comme fer en son message, sa motivation, son projet. Mieux, il croyait très fortement en ce duo bâti sur des braises.
Il en a été tout autre, mais Eric n’a aucun regret, si ce n’est celui d’avoir vu partir bien trop tôt cette personnalité incontournable de la grande famille du basket français.
Philippe Cardart