Coach Eric est fier de ses ouailles, fier du défi relevé
Il faut bien l’avouer : quand Eric Girard a présenté son projet d’équipe à forte densité de JFL (joueurs formés localement), tous les fans stellistes n’ont pas sauté de joie au plafond. Pour beaucoup, il fallait y voir là le signe d’un besoin économique, pas vraiment d’un choix délibéré. Quelque huit matchs plus et cinq victoires qui claquent à la face des divins experts qui avaient expédié Le Portel par trépas avant que la saison commence, le pari relevé par coach Eric et son staff est sur les bons rails. Certes, personne ne sait de quoi sera fait demain, personne ne sait si la Jeep roulera jusqu’au bout, si l’ESSM pourra tenir le choc financièrement si les huis-clos perdurent. Mais une chose, elle est sûre et certaine : une belle brochette de guerriers surmotivés et avides de prouver leur valeur vaut bien mieux qu’un ensemble hétéroclite et à motivation très variable. En conf’ de presse, toute en jubilation intérieure, coach Eric a savouré : « Ce soir, il faut bien avouer que l’on ne savait pas bien où on allait avec ce match de reprise contre une équipe référencée en France et en Europe. On alignait trois joueurs qui n’ont joué que des bribes de match ou pas de match du tout et on relevait le défi sans notre meilleur joueur à l’éval, Mikyle McIntosh. Alors oui, après cette victoire, je retiens beaucoup de positif et le staff et moi sommes fiers de ces gars qui donnent tout, qui ne lâchent rien, à l’image de Georgi, qui shoote deux fois, mais se défonce sans compter des deux côtés du terrain. Je pense que les gars ont compris qu’on pouvait de belles choses en bossant bien, en jouant pour le copain. Le don du sacrifice est là. Et il nous ravit. »
Les rentrants ont apporté une très belle réponse
Ils avaient la pression, une grosse pression. Ils ont répondu présent. Au-delà des plus belles espérances. Ils, ce sont Cyrille Eliezer-Vanerot, Mathieu Wojciechowski et Michael Umeh. On sait que moralement, pour diverses raisons, ça n’a pas été facile pour eux. Ils ont fait le taf. Et plutôt très bien. Cyrille a démontré qu’il avait super bien bossé pour revenir au top physiquement. Il a caressé les côtes de Conklin, cueilli des rebonds (5) et a délivré un caviar de chez Beluga en fin de contre-attaque. 9 points, 12 d’éval en 21 minutes. Top. Wojcie a débuté dans le cinq et a mis des paniers en fin de drive qu’il manquait en début de saison. On l’a vu terminé une contre-attaque magnifique comme un dragster. Tout sauf une surprise pour le longiligne ailier, qui confiait : « C’est dommage que les supporters ne puissent pas venir voir comment on se cogne à l’entraînement. On bosse dur, fort. Ce n’est pourtant pas facile de s’entraîner sans savoir si on va jouer. Mais croyez-moi, on fait le taf. La réponse a été donnée ce soir. »
Michael Umeh a aussi apporté une réponse dans son registre favori de sniper. Il est sorti de l’écran après la pause, mais disposer d’un vrai shooteur est un vrai luxe pour un coach. 11 points, 11 d’éval en 20 minutes, et 3 sur 4 derrière l’arc, c’est plus qu’honnête pour celui qui disputait là son premier match sous les couleurs porteloises. C’est très encourageant.
C’est l’occasion de faire un petit coucou et même un gros coucou au staff médical qui a permis à ces joueurs de revenir au meilleur niveau. Bravo donc au doc Yoann Morvan, au kiné Geoffray Marcourt et aux deux préparateurs physiques, Pierre Bourdon et Loïc Boulati. Le sport co, c’est une chaîne et il est bon de rendre à César… Et donc d’associer Mike Happio, en charge du développement individuel des joueurs.
Donnadieu inquiet, Cordinier agacé…
L’emblématique coach de la JSF avait la mine des mauvais soirs samedi. Plus que la défaite, dommageable bien sûr, c’est le triste niveau de son équipe qui l’inquiétait : « Très honnêtement, ça se joue sur rien à la fin mais si on gagne, c’est le hold-up parfait. On a joué cinq minutes et pour le reste, on manque de tout. Ce soir, j’ai vu une vraie équipe contre une somme d’individualités. Ca se répète et ça m’inquiète. » Isaïa Cordinier, joueur phare de Jeep, avait la tête basse : « Dans un sport de haut niveau, quand tu ne mets pas les ingrédients, tu ne peux prétendre à rien. A la fin, ça peut basculer, mais l’arbitre estime qu’il n’y a pas faute, donc, c’est comme ça. De toute manière, ça aurait été le hold-up total. »
Il est bon de rappeler qu’avant cette dernière action qui peut faire retomber la pièce de l’autre côté, les arbitres n’ont pas, au contraire des deux fautes sur Ben Mangin, sifflé une anti-sportive flagrante. Chacun voit midi à sa pendule…
Philippe Cadart