Il y a des joueurs qui traversent leur carrière sans trop de soucis physiques. D’autres enchaînent blessure sur blessure. Bossent très dur pour revenir. Rechutent. Depuis sa sortie de l’INSEP, Cyrille Eliezer-Vanerot, qui a commencé le basket à Arcueil dans le sillage d’une maman basketteuse, n’a pas été épargné par les galères. Vice-champion d’Europe avec l’équipe de France U16 en 2012, ce fan inconditionnel de Kobe (Bryant) a été blessé deux fois sous les couleurs de Levallois, où il a beaucoup appris sous les ordres de Greg Beugnot, puis du tandem Rigaudeau-Fauthoux, avant que ce dernier prenne seul les rênes de l’équipe. Ailier très physique, Cyrille peut apporter beaucoup à ses couleurs. En attendant Levallois, vendredi, on fait le point avec lui…
Cyrille, quand as-tu vraiment changé de statut à Levallois ?
Lors de la 3e saison. Pourtant, en match de pré-saison, je me suis blessé à la cheville (fracture). Quand je suis revenu, l’équipe était bien en place. On avait un gros effectif (1). Ce n’était pas évident de regagner ma place. Je reviens contre l’ASVEL, mais je ne joue pas. La semaine suivante, c’est Monaco. Le coach me dit que je vais jouer. Et effectivement, je suis dans le cinq. A partir de là, j’ai eu un vrai temps de jeu (18 minutes en moyenne, 32 matchs joués).
Comme un signe, c’est contre les Métros, et après un dunk de mammouth, que tout s’écroule au bout de dix minutes…
Oui, les dix premières minutes ont été superbes. Et puis il y a ce dunk, cette chute…
Et puis le trou noir et cette interminable période sans avoir le droit de faire des oppositions…
Oui, après les blessures, c’est la maladie qui m’a stoppé en plein élan. A cause de mon embolie pulmonaire, je n’avais absolument pas le droit de prendre le moindre risque. J’ai repris l’entraînement après le premier confinement. J’ai vraiment bien bossé avec Pierre et Loïc. Et puis la saison a été neutralisée.
Comment as-tu appréhendé ton retour, pratiquement un an après ton choc à la tête ?
Ce n’est pas facile de te préparer quand tu sais que n’as pas le droit de jouer. Le match, c’est le sel du basketteur professionnel. C’est pourquoi tu te donnes à fond durant la semaine. Le matin, on venait tôt à la salle avec Michael (Umeh) pour bosser avec Mike (Happio). On voulait se tenir prêt. Et puis le COVID a encore frappé.
Tu t’es dit que c’était encore fichu…
Non, j’étais bien sûr hyper frustré de ne pas pouvoir jouer, mais je me disais qu’il y avait encore beaucoup de matchs à jouer. Que j’aurai de nouveau ma chance.
Ton premier 5/5 ?
Pas évident, c’est clair. Physiquement, j’étais vraiment bien car on avait bossé fort avec Pierre (Bourdon) et Loïc (Boulati), mais bosser seul et retrouver les automatismes, les repères dans l’espace, ça n’a rien à voir.
C’est revenu vite ?
Deux bonnes semaines. J’ai retrouvé les bonnes sensations, du rythme. Presque un an sans jouer, c’est énorme.
Comment te sens-tu dans ce groupe ?
Super bien. On a un vrai groupe de compétiteurs et quelques gars qui ont quelque chose à prouver. On se titille dans le vestiaire, on se lance des challenges. C’est vraiment un super groupe.
Hormis sur deux ou trois, les postes sont ouverts. Tu dois une fois de plus te refaire une place dans l’équipe…
Je ne suis pas obsédé par les stats ou mon statut dans l’équipe. Je veux juste être utile à mon équipe dans le rôle que le coach me dévolue. De toute manière, plus l’équipe tourne bien, plus notre valeur individuelle monte.
Ca ce fait quoi de retrouver Levallois ?
Bof…C’est sûr qu’il y a un côté affect par rapport au club qui m’a fait grandir dans le basket, mais le temps fait son effet. J’aurai plaisir à retrouver ceux que j’ai connus là-bas, mais je n’en fait pas une fixette…
(1). Levallois, en 2017-2018 comptait notamment dans ses rangs : Boris Diaw, Gavin Ware, Travis Leslie, Jaron Jonhson, Roderik Odom, Petr Cornelie, Louis Campbell, Kremen Prepelic, Ivan Février, Rémi Lesca, Maxime Ross
Philippe Cadart