Blessé en début de saison, l’ambassadeur de l’ESSM Le Portel, qui était venu à la rencontre des Stellistes au Chaudron en juin 2020, est de retour. Et pas pour rire. Contre Berlin, en Euroligue, Nando a fait un chantier pas possible, avec 26 point et 31 d’éval. Troisième du championnat turc, Le Fener a enchaîné là son dixième succès de rang dans la prestigieuse coupe d’Europe. Aussi dispo et sympa que lors de sa venue au Portel, Nando a largement pris le temps de répondre à nos questions.
Nando, tu sembles être parfaitement revenu après tes blessures. Comment as-tu géré ?
Cette saison, j’ai eu deux blessures, une au mollet gauche en prépa qui a duré deux semaines. Rien de méchant en soi, j’ai fait cela en bout de lay-up. Ensuite, j’ai été blessé au mollet droit, qui a certainement dû compenser. C’était contre le Khimki Moscou. Sur un repli défensif, pas à vivre allure, j’ai senti une pointe. J’ai de suite arrêté. La blessure était moins importante que la première, mais mal placée. Donc, ça a pris plus de temps, un bon mois et demi. Une semaine sans rien faire, après, du statique, puis travail avec des poids et reprise de la course.
La plupart du temps, après une blessure, le plus dur c’est de revenir en compétition. On a beau faire tout le travail que l’on veut, courir, faire du cardio, le plus compliqué c’est de retrouver le vrai rythme, les contacts. Aujourd’hui, tout va bien. De toute manière, je fais toujours très attention à cela. J’arrive plus d’une heure avant la salle. Je fais les petits soins nécessaires pour éviter la rechute. Au fil des ans, on connaît de mieux en mieux son corps. Globalement, dans ma carrière je n’ai pas eu des très grosses blessures qui m’ont éloigné des mois des parquets. Il faut sans cesse prendre toutes les précautions pour éviter les blessures, même si on ne peut pas tout contrôler.
Comment vis-tu ton quotidien de sportif de haut niveau par rapport à la COVD 19 ?
On a des règles strictes qu’on a eues au tout début du COVID. On en a encore aujourd’hui. Par exemple, les week-end, c’est confinement. C’est interdit de sortir, sauf tout justement pour les sportifs de haut niveau. On a des dérogations pour aller au match, à l’entraînement. Les restos sont toujours fermés, mais il devrait y avoir une évolution courant mars. Même chose pour les écoles qui sont fermées. Ma fille de 6 ans fait ses cours à la maison. Ce qui n’est pas évident, même si on l’accompagne. On a aussi deux autres petites filles à gérer, donc, il faut prendre le rythme. On a la chance d’avoir une nounou qui nous aide. C’est une situation difficile pour tout le monde, mais on s’adapte.
As-tu déjà eu des remarques désobligeantes concernant ta nationalité française par rapport à la guéguerre entre Macron et Erdogan ?
Non, je n’ai pas rencontré ce genre de problème. Ça m’a même fait sourire quand j’ai vu que Pierre Menes (Canal+) avait posté un tweet quand le PSG est venu jouer à Istanbul. Ici, personne ne m’a jamais parlé de tout cela.
Qu’est-ce qui explique le retour canon du Fener ?
Comme je l’ai déjà expliqué, l’équipe a beaucoup changé. C’est un peu normal qu’on ait eu ce trou d’air en cours de première partie de saison. Après, si tout s’était bien passé jusque-là, on aurait peut-être connu ce trou maintenant. Ce sont des choses qui arrivent dans une saison. Là, on est sur une dynamique incroyable avec dix victoires de suite en Euroligue. Après, il ne faut pas s’arrêter à cela. Il faut continuer à bosser, bosser. L’objectif, c’est de rester dans le top 8 pour faire les play-off. Rien n’est acquis, rien n’est jamais acquis au haut niveau.
Vois-tu souvent Nicole et Bruno, tes parents ?
C’est compliqué de voyager en ce moment. Ils sont un peu isolés. Ils auraient dû venir juste après la naissance de notre troisième fille en octobre, mais deux avant, Emmanuel Macron a annoncé un nouveau confinement en France, donc, ils ne sont pas venus. En revanche, ils ont pu passer les fêtes de fin d’année avec nous. Je pense que ça leur a fait le plus grand bien. Pour l’heure, les frontières sont fermées entre la Turquie et la France, donc, on attend de voir comment la situation va évoluer. Nous sommes éloignés de nos familles française et espagnole, mais nous restons en contact au quotidien.
Trois petites filles…pas facile à gérer…
C’est vrai que nous vivons une situation actuelle compliquée, donc nous passons beaucoup de temps à la maison et ce n’est pas toujours évident. Mais j’ai toujours fait la part des choses entre ma vie professionnelle et ma vie familiale. Donc, j’essaie toujours le plus de temps possible avec ma famille et mes amis quand j’étais plus jeune. C’est important d’avoir quelque chose à côté du basket pour évacuer la pression. Nous faisons très attention à la situation sanitaire. Globalement, tout se passe bien pour nous.
Que penses–tu des premiers pas du Portel avec sa French Touch ?
Ce n’est pas facile pour moi de suivre les matchs de Jeep Elite avec mon emploi du temps et les nécessités de la vie de famille. C’est une saison forcément compliquée en Jeep. Mais je trouve que les résultats du Portel à dominante française sont plus que corrects. Le club a eu la chance de rester en Jeep Elite avec la saison blanche. Quand j’avais discuté avec Eric Girard en début de saison de l’effectif qui permettait aux Français de bien s’exprimer, j’avais trouvé ça intéressant. Aujourd’hui, on voit que l’ESSM revit grâce à cette volonté de jouer français. Ce n’est jamais facile de s’imposer dans l’élite, mais on voit que la volonté et le travail paient. Les résultats ont suivi.
Comment suis-tu l’équipe de France ?
Je suis bien entendu les fenêtres internationales de l’équipe de France. J’ai eu récemment Boris Diaw par message et avant le match contre la Macédoine, j’avais envoyé un texto d’encouragement à Vincent Collet. On n’a pas des contacts quotidiens, mais forcément, je suis tout cela avec attention. Les gars qui sont là font le boulot avec beaucoup de motivation. On a la chance d’avoir un groupe important qui comprend parfaitement les enjeux. Nous sommes beaucoup d’absents pour ces fenêtres internationales, mais on a aussi beaucoup de joueurs qui répondent présents aux convocations avec un super état d’esprit. C’est génial de voir ça.
Philippe Cadart
Légende photo : Nando De Colo et son épouse en compagnie de leurs trois filles et de Nicole et Bruno, bien connus dans la région.