Et si c’était sous les couleurs porteloises que Mehdy NGouama, 25 ans, bourré de dynamite dans les mollets, explosait à la face de la Jeep Élite ? Le bonhomme au parcours atypique en rêve. Le Portel tout autant. Ce serait vraiment coller à la philosophie prônée cette saison par coach Eric avec une triplette française (Benoît Mangin, Boris Dallo, Mehdy NGouama) en guise de traction arrière complémentaire et efficiente. Une vraie originalité dans ce championnat.
Né à Oignies, mais Parisien pur jus, Mehdy déborde d’ambition et veut laisser derrière lui les frustrations accumulées ces dernières années. Passé par le centre de formation de Nancy, le seul qui lui avait donné sa chance malgré sa petite taille, Mehdy a signé son premier contrat à Denain, avec Rémy Valin. Il a ensuite cumulé des bonnes stats à Vichy, puis s’est un perdu en Summer League en répondant à l’appel d’un certain OKC (Oklahoma City), qui voulait voir ce que le dragster français avait dans le coffre. Non conservé, il rentrait au pays et Monaco entrait alors dans la danse, avec un deal pas gagné d’avance : il signait Mehdy si Paul Lacombe ne revenait pas. Mais le Paulo est rentré sur le Rocher et Mehdy s’est retrouvé sur le dur : « Ce fut une sale période. Je me suis retrouvé deux-trois semaines sans rien et j’ai été appelé par Souffel pour une pige médicale. Là, ça s’est super bien passé. On était premiers et je tournais à 17 points et 25 d’éval. J’ai ensuite été approché par Nanterre, Limoges et le Portel. J’ai choisi Nanterre, parce que j’y avais joué en Espoirs et que j’aimais bien la philosophie de jeu de Pascal Donnadieu. Ça me rapprochait aussi de ma femme et de ma fille. »
L’expérience tourne au flop : 8 minutes de jeu, 2,9 points. Mehdy peste : « J’essayais d’apporter ce que je pouvais sur un court temps de jeu, mais je ne faisais visiblement pas partie du projet collectif. On m’avait vendu autre chose. Ça fait partie de la carrière, ça forge encore plus le caractère. »
Mehdy atterrit finalement sur la Côte d’Opale. C’est Christian Monschau qui avait noué les premiers contacts avant de quitter la maison, puis coach Eric enchaînait. Avide de prouver, peut-être de trop prouver, le meneur se rate un peu sur les deux premiers matchs (Limoges, Dijon). Mais à Boulazac, la partition est très bonne. Coach Eric la salue, ce qui n’est pas anodin quand on connaît son exigence : « Mehdy a bien géré le tempo. Il a scoré (11 points), mais il a surtout délivré six passes décisives en ne perdant qu’une seule balle. C’est très bien. » Mercredi, contre Champagne Basket, le meneur a su prendre ses responsabilités quand Boris et Benoît piochaient un peu : 27 minutes (!) de jeu, 13 points à 6/13. Des lay-up de funambule de toute beauté, mais d’autres trop risqués, sanctionnés par des contres impitoyables. C’est là qu’il doit encore progresser.
Alors, de vraies rampes de lancement ces deux derniers matchs ? Mehdy sait qu’il lui faut raisonner collectif plutôt que stats perso : « Moi, j’ai la gagne dans le sang. Forcément, sur un plan perso, on en veut toujours plus, j’en veux toujours plus, mais je sais qu’il faut s’inscrire pleinement dans le collectif. Je prends ce que me donne le coach, je l’écoute. Il a beaucoup à m’apprendre. »
Et les ambitions dans tout cela ? « Franchement, plus le temps avance, plus on bosse bien à l’entraînement et plus je sens qu’il peut se passer des choses positives avec ce groupe. Je vais tout donner pour confirmer. C’est la règle. La vie m’a appris cela : d’abord compter sur toi-même. On ne m’a jamais rien servi sur un plateau. »
Philippe Cadart
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