Arrivé cet été au Portel pour faire partie intégrante du projet « français » souhaité par coach Eric, Mehdy NGouama aura 26 ans cet été. Sa vie, sur et en dehors des parquets, n’a pas été un long fleuve tranquille. Bien loin de là. Caractère entier, à la fois écorché vif et personnage attachant, Mehdy s’est un peu éparpillé, obnubilé qu’il a toujours été pour assurer le bienêtre de sa petite tribu parisienne (sa maman, trois frères et une sœur). Parfois de sa faute, parce que pas assez rentable. Parfois à cause de marchands de parquet doré…
Mehdy arrive donc à un moment clé de sa carrière après avoir loupé le coche tant à Monaco qu’à Nanterre. A 26 ans, les plus grands ont déjà garni leurs doigts de bagues mythiques, comme le dieu Tony ou mis l’Europe à leurs pieds, comme le roi Nando. Il arrive dans l’âge de la maturité, de cette maturité du sport de haut niveau qui dure 6/7 ans. Facile à écrire. Moins facile à acquérir quand la lave chahute la tuyauterie, quand l’injustice te fait sortir trop facilement du match comme à Reims.
Avant la venue de Chalon, samedi, on fait le point avec Mehdy, dragster au premier pas dévastateur, dragster qui doit maîtriser les chevaux et s’inscrire au mieux dans une traction arrière riche du taulier indiscutable (Ben) et d’un fameux poste 2 (Boris). Pas facile. Mais logique : le haut niveau, ce n’est pas le monde des Bisounours et Mehdy n’a jamais vécu chez Bisousnours…
Mehdy, comment vis-tu la mauvaise passe de ton équipe ?
Ce n’est pas évident. On était sur une bonne dynamique, puis la pandémie a brisé le rythme. Après, on a eu un calendrier super difficile. Il nous faut retrouver la solidarité du début de saison. On doit faire un gros, gros match collectif contre Chalon.
Et sur un plan perso ?
Je pense que je progresse plutôt bien, que j’apporte de plus en plus avec le temps de jeu qu’on me donne (20 minutes), mais bien entendu, je peux faire mieux, je dois faire mieux à bien des égards.
A Reims, cette faute technique injuste te fait sortir bêtement du match…
Oui, c’est vrai, j’ai très mal vécu cette faute technique. Je me fais copieusement insulter, je ne réponds pas et derrière l’arbitre colle deux techniques. J’étais en rage. Je n’aime pas l’injustice et pour le coup, c’en était une fameuse. Je n’ai pas réussi à me remettre dans mon match. Je plaide coupable. Je dois me maîtriser. Pour le bien de l’équipe.
Manque de maturité ?
Oui, je dois être plus mature mais quand la cause est totalement infondée, c’est difficile de se maîtriser. Je dois aussi être plus régulier dans le jeu, dans la gestion, même si je pense avoir progressé depuis que je suis ici.
Sauf pour les tirs primés…
Ah ça, c’est très clair. Je ne suis pas du tout content de mon ratio à 3 points (5/36, soit un tout petit 13,9%). C’est rageant car à l’entraînement, mon pourcentage est meilleur. Mais en match, les adversaires ont tendance à ne pas monter sur moi car les chiffres sont là. J’ai des shoots ouverts mais j’hésite à shooter. Et quand t’hésites, c’est mort.
Et Chalon ?
On a pris l’eau là-bas. Physiquement, on n’y était pas et quand tu es Le Portel, tu ne peux pas te permettre de ne pas être au max physiquement. On doit hausser notre niveau de jeu.
Philippe Cadart