Coach Eric est solidaire du groupe qu’il a construit, que le club a voulu

Coach Eric et son staff sont restés longtemps, très longtemps à débriefer dimanche soir après le non-match des Vert et Blanc contre Cholet. Plus d’une heure, donc, pour mettre les uns et les autres devant leurs responsabilités, mais pas non plus pour jeter le bébé avec l’eau du bain. L’équipe s’est vautrée dans les grandes largeurs sur le plan collectif, offrant un basket bien pauvre. Il fallait donc laver tout cela en famille. Se dire les choses. Pour mieux attaquer la suite. Qui s’annonce bouillante.

Coach, ce n’est pas dans tes habitudes de ne pas venir à la conf’ de presse…

Effectivement, c’est quelque chose de très rare, mais dimanche, après un match aussi pitoyable, on avait besoin de « finir le match », de parler. On avait des choses à se dire entre nous. Je tiens à m’excuser de ne pas être venu devant la presse, mais aussi à m’excuser auprès d’un public plus large, les dirigeants, tous nos supporters, les partenaires. Ce n’était pas par peur d’affronter la réalité, mais par souci de mettre tout à plat parce que le championnat n’est pas fini. Dès le lendemain, on a fait revenir tout le monde alors qu’il y avait repos, pour revoir la vidéo du premier quart-temps et de continuer la discussion.

Genre “on perd et on gagne ensemble”…

Exactement. Le mal est fait. Il faut assumer. Ce serait ridicule de détruire dimanche ceux, et notamment les Français, que l’on avait encensés le week-end précédent après la victoire contre Chalon. Soyons clairs, on n’a aucune excuse valable à fournir. C’est le sport. Ce n’est pas cette défaite qui va me faire changer le fusil d’épaule en une semaine. Cette volonté de jouer français, on l’a prise ensemble, avec le staff et le président. On est conscients des qualités que l’on a, des faiblesses que l’on a et je reste solidaire, non pas de ce match, mais du groupe que l’on a construit, avec les possibilités que l’on avait. On a été blessés, vexés, humiliés, mais il faut continuer, retrouver plus de fierté. Plus on avance dans ce championnat, plus les écarts sont importants. On a vu ces choses incroyables ces dernières semaines, avec des écarts très importants pour Gravelines à Bourg, Cholet à Monaco, Roanne à Limoges. Quand ça part mal comme face à Cholet, il n’y a pas public, pas d’élan. Les gars ont lâché. J’espère qu’on sera capable de rebondir avec fierté dès ce week-end. C’est le derby. Est-ce un mal ou un bien ? C’est à nous de montrer bien plus de fierté et d’investissement que ce que l’on a montré individuellement et collectivement contre Cholet.

Plus de collectif, c’est vital…

Bien entendu. Quand ça va mal, on n’a pas au Portel de star du championnat capable de prendre le jeu à son compte. On a choisi, un peu par obligation, mais aussi par envie, de créer un groupe qui ferait que ce serait le groupe qui gagnera ou le groupe qui perdra. On a fait un début de saison exceptionnel, certainement au-dessus du niveau actuel, mais malheureusement pour nous, les trois équipes que l’on a jouées ou qu’on va jouer, Chalon, Cholet et Gravelines, ont changé 90% de leur cinq de base. Il faut que l’on en ait conscience, que les gars en aient conscience. Certains pensent qu’ils peuvent changer la physionomie d’un match en jouant seul, mais ce n’est pas en six mois qu’on devient un joueur confirmé de Jeep.

La défaite a fait très mal en termes d’images…

Effectivement, c’est l’attitude générale ce qui a choqué. On a été submergés. Mais il ne faut pas croire qu’on a été battus par une petite équipe de Cholet. Elle venait d’en passer 20 à Orléans, et 20 à Monaco. Est-ce que certains joueurs ont pris le match en disant que ce n’était pas plus fort que Chalon ? En tout cas il n’y a aucune excuse, juste quelques explications subjectives. Je pense que des équipes comme Chalon, Cholet et donc Gravelines ont véritablement changé de dimension. Nous, on reste dans la même dimension. On a la même équipe, des joueurs qui évoluent dans le bon sens, d’autres qui sont en deça de leur valeur, et en plus, on a perdu Jamar Abrams. Donc, on est peut-être moins forts qu’en début de saison et les autres sont bien meilleurs. On peut arriver à compenser les écarts si la combativité est forte. Le haut niveau, c’est en partie le talent, en partie le mental. Et là, on voit que dans la série actuelle, certains joueurs sont dans le dur. On a vu les gars un par un. De l’extérieur, on a l’impression qu’on a une équipe très mature. Alors, oui, on a Jo, Georgi, Ben et Michael qui ont l’expérience, mais les autres sont très jeunes dans leur tête. Or, le niveau de maintenant est bien plus élevé que celui d’il y a six mois.

La suite te fait peur…

Peur, non. On sait qu’on traverse une période plus compliquée. En fait, quand tu es au Portel, tu sais pertinemment que rien ne sera simple. On fait deux belles saisons quand on a fait des super coups avec Jakim Donaldson, Frank Hassel (la première fois), Darrin Dorsey, Trae Golden, deux moyennes et là, on sait que ça va être compliqué. Il faut que l’on fasse plus que ce que l’on faisait il y a six mois. Autant je peux être très dur, autant là je ne vais pas me désolidariser de ce groupe que l’on a tous voulu, avec le staff, le président. On ne va pas clouer les gars au pilori. On essaye de leur expliquer ce qu’il faut faire pour retrouver une dynamique face à des équipes qui sont, il faut l’avouer, plus fortes que nous.

Philippe Cadart

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