Dans une équipe, comme dans la vie, il y a, dans nos entourages, des gars avec qui tu peux partir à la guerre (c’est une expression, n’est-ce pas, on n’a aucune envie d’aller à la guerre), et ceux qui regardent ailleurs quand tu leur poses la question : « Alors, tu me suis ? ».
Cette saison, coach Eric peut compter sur pas mal de guerriers. On l’a vérifié contre Boulazac et Strasbourg : cette équipe a de la moelle et ne lâche rien. Et parmi les guerriers, maintenant qu’il y a prescription ou presque, on peut vous parler d’un gaillard qui a salement serré les dents durant des semaines pour rester à la disposition du coach : Jo Passave-Ducteil.
On n’avait pas rendu le sujet public, de peur que les adversaires lui réservent un traitement spécial. C’est que deux jours avant le match de Limoges, Jo avait été blessé à l’entraînement dans un choc avec un équipier. Un vilain coup dans les flancs et plus précisément dans la côte flottante, celle qui est particulièrement douloureuse quand elle est cassée. Et vous l’avez compris, elle était cassée. Dur au mal, esprit d’équipe chevillé au corps et encensé pour cela où qu’il ait joué, Jo a vite dit à coach Eric qu’il serait là pour donner un coup de main : « On a protégé comme on a pu et j’ai serré les dents. J’ai dit au coach que je serai du combat à Limoges et pour la suite. Ça n’a pas été simple car une côte cassée, ça fait déjà mal au repos pour respirer, alors imagine quand tu joues et que tu te prends des mecs dans le buffet. Contre Champagne Basket, j’ai pris Jalen Adams dans le buffet en fin de contre-attaque. Je peux te dire que j’ai mangé très chaud. Et ça arrive aussi à l’entraînement, car tes potes finissent pas oublier que tu as la côte cassée, puisque moi aussi je vais au charbon. »
A Gravelines, Jo n’a pas joué. Avec le coach et le doc, le trio a convenu qu’il fallait que la « bête » souffle. Gêné par une grosse tendinite au tendon d’Achille, Jo en a profité pour faire une PRP (Plasma riche en plaquette) afin d’accélérer la cicatrisation. Il devrait être de retour cette semaine avec l’équipe.
Jouer avec une côte flottante cassée en serrant les dents, ça nous rappelle le fameux Jakim Donaldson, qui avait joué avec un doigt cassé et qui continuait à se jeter par terre comme un mort de faim sur les ballons perdus. Forcément, ce type de comportement, comble d’aise le coach, qui sait mieux que tout le monde ce qu’est la souffrance : « J’ai un profond respect pour ce genre de comportement. Avec des gaillards comme Jo, tu places le curseur très haut pour le groupe dans l’acceptation de la douleur et du sacrifice personnel au nom de l’équipe. Je savais tout cela en le faisant venir chez nous. »
Philippe Cadart